L’apprentissage interculturel est un processus qui peut durer toute une vie et il faut donc être indulgent envers soit même et les autres lorsqu’on rencontre des embûches. Voici brièvement comment le Dr. Milton Bennett, chercheur spécialisé en questions interculturelles, décrit ce processus qu’il a appelé le « Developmental Model of Intercultural Sensibility » (DMIS).

Les étapes qui mènent à la compétence interculturelle

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LE DÉNI

À cette étape, on perçoit mal les différences culturelles et on a tendance à recourir à des stéréotypes pour décrire les autres. Pas pour les dénigrer, mais parce qu’on n’en sait pas plus sur eux. Ceux qui sont à cette étape ont tendance à simplifier les attributs des gens issus d’autres cultures, ils ont l’impression que ceux-ci sont moins complexes et moins évolués qu’eux. Par conséquent, lorsqu’ils sont confrontés à des différences culturelles, ils ont tendance à voir l’autre comme moins « humain » et dans certains cas utiliseront leur pouvoir pour les exploiter.

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LA DÉFENSE

Ceux qui se retrouvent à ce niveau ont une meilleure compréhension du phénomène de différences culturelles, mais ils les perçoivent généralement de façon négative. Ils s’attribuent les stéréotypes positifs de leur culture et attribuent les stéréotypes négatifs aux autres cultures, puisqu’ils considèrent que leur société est plus développée ou élevée que les autres. Lorsque confrontés à la diversité culturelle, le sentiment de devoir se défendre face à la menace des envahisseurs prédomine et suscite des comportements ou des paroles agressives. Le risque d’exploitation ou même de génocide est diminué par rapport à l’étape précédente puisqu’on considère au moins l’autre comme un humain à part entière.

Dans certains cas, on retrouve la situation inverse, où l’on glorifie les autres cultures tout en dénigrant la nôtre, et quoique cela puisse sembler moins problématique, c’est un signe que l’on n’a pas encore atteint l’étape suivante.

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LA MINIMISATION

Minimiser les différences culturelles pour en arriver à la conclusion qu’en réalité, en dessous de nos habitudes vestimentaires et alimentaires, nous sommes tous pareils puisque nous sommes tous humains. Quoique cette attitude soit plus conciliante et ouverte que les précédentes, il en résulte que certaines particularités culturelles sont considérées comme des valeurs universelles et qu’il devient facile d’arriver à des conclusions erronées sur les intentions des autres que l’on juge sur des bases qui ne sont pas partagées. Par exemple, les États-Uniens peuvent penser que tous les êtres humains souhaitent être libres, s’exprimer ouvertement sur leurs sentiments et vivre dans un régime démocratique et compétitif, tandis que ces valeurs sont typiques de leur culture.

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L'ACCEPTATION

Les gens qui sont arrivés à cette étape prennent plaisir à explorer les différences culturelles et sont conscients d’être eux-mêmes des êtres conditionnés par leur culture. Ils sont assez tolérants devant l’ambigüité et devant le fait qu’il n’y ait pas de « bonne » réponse puisque toutes les cultures sont « viables ». Cependant, cette constatation de relativité peut être paralysante. Pourquoi agir si toutes les façons de faire sont acceptables ? Ils sont passés outre l’ethnocentrisme, mais n’ont pas encore développé les outils pour gérer les conflits interculturels.

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L'ADAPTATION

Ici, par un regard empathique et la capacité de voir le monde à travers les lunettes d’une autre culture, on arrive à adapter son comportement à différents contextes culturels. On se sent à l’aise dans sa propre culture et dans les cultures étrangères qu’on a appris à connaître, mais on n’a pas nécessairement les outils pour transférer ces habilités à d’autres cultures qu’on connaît moins, ou à des groupes que l’on ne considère pas comme étant des cultures. Par exemple, des gens peuvent être parfaitement compétents dans plusieurs cultures, mais entretenir des préjugés négatifs à l’égard des homosexuelles.

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L'INTÉGRATION

Cette étape ressemble à celle d’acceptation, mais elle en diffère par la capacité de prendre action dans des situations de conflits interculturels, où l’éthique ou la bonté des actions n’est pas donnée par des principes absolus, mais par des êtres humains qui acceptent la responsabilité des réalités qu’ils créent.

Définitions

Ethnocentrisme

L’utilisation de ses propres règles, normes et standards culturels, souvent inconsciemment, comme base pour juger les autres.

Ethnorelativisme

La capacité de se sentir à l’aise lorsque confronté à des normes ou des valeurs différentes et la capacité d’adapter son comportement et ses jugements à une variété de contextes interpersonnels.