Les étapes de l’adaptation d’un élève en échange interculturel. Ces étapes peuvent varier d’un élève à l’autre. Tiré de « The Exchange Student Survival Kit » (B. Hansel, Intercultural Press 2007).

À la suite d’observations faites depuis quelques années, une constance a été remarquée dans les étapes d’adaptation de chaque étudiant participant à un programme AFS. Le cycle d’adaptation de l’étudiant AFS peut varier d’un individu à l’autre, mais il se dessine généralement comme suit:

L’ajustement

À cette étape, il est question d’adapter les routines familiales au nouveau venu. Comme unité familiale, vous avez eu des années pour vous ajuster l’un à l’autre et connaître vos préférences, vos habitudes. Le jeune étranger, quant à lui, s’introduit tout d’un coup avec son bagage d’expériences, d’attentes et d’habitudes, et il est donc normal que l’excitation des premières semaines s’étant estompée, il y ait des irritants qui ressortent.

Il est possible qu’après les premières semaines de lune de miel, vous commenciez à vous sentir étrangers dans votre propre maison, et que vous ressentiez de l’appréhension ou de la frustration. Vos enfants réagiront peut-être aussi à toute l’attention que le jeune étranger recevra et à leur manque d’intimité lorsqu’ils partageront une chambre pour la première fois. Dans certaines familles, ces situations ne sont pas très dérangeantes, tandis que d’autres ressentiront ces changements comme étant majeurs. Pour remédier aux sentiments d’irritation, commencez par prendre conscience de vos routines familiales qui finissent par échapper à notre perception tant elles sont devenues automatiques, et expliquez-les à l’élève. Ensuite, avec la participation de vos autres enfants, établissez une nouvelle routine qui remplit les besoins de chacun. Une fois que tous ont consenti, les frustrations devraient s’estomper peu à peu. Si vos enfants continuent à ressentir de l’appréhension par rapport au nouveau venu, expliquez-leur que leurs sentiments sont normaux, mais qu’ils sont probablement reliés au phénomène de changement et non à la personne comme telle.

La relation s’approfondit

Maintenant que vous avez éclairci ce que vous voulez atteindre à travers cette expérience d’accueil, il faut redoubler d’efforts pour rendre votre mode de vie compréhensible pour l’élève. Dans une famille, le mode de vie passe souvent par les règlements de la maison…

Outre les règles que vous avez déjà expliquées à l’élève par rapport aux tâches quotidiennes, il y a toute une série d’attentes tacites qui vous échappent peut-être, mais qui influencent votre perception du jeune. Parmi ces attentes « non dites » il y a : comment vous exprimez votre appréciation, comment vous exprimez votre désaccord, qu’est-ce que ça veut dire d’être « à l’heure » pour vous, quand est-il approprié d’inviter des amis à la maison et où est-il acceptable de passer du temps avec eux (le salon, la chambre ?), la signification d’une porte de chambre verrouillée ( colère, repos, réflexion), et finalement, l’hygiène et l’étiquette dans la salle de bain ?
Expliquez-lui plutôt pourquoi vous avez établi ces règles et ce qu’elles vous apportent. Il est beaucoup plus facile de suivre des règles lorsqu’on comprend la logique derrière. Cela aidera aussi le jeune à identifier de nouveaux éléments de votre culture et de vos valeurs.

Ne minimisez pas l’importance de ces petits malentendus ! Ce sont des occasions en or pour en apprendre un peu plus sur la culture profonde.

Le choc culturel

Une des étapes les plus difficiles pour la plupart des participants AFS est celle du choc culturel, où ils se rendent compte que leur pays d’accueil n’est pas tout rose et qu’il y a encore bien des choses qu’ils ne saisissent pas… Cependant, c’est aussi une étape charnière : si elle est bien gérée par la famille d’accueil avec empathie et tolérance, elle sera très riche en apprentissages. Mais d’abord, examinons les caractéristiques du choc culturel :

Dans son pays d’origine, le jeune sait bien qui il est et quelle place il occupe dans sa communauté. Cependant, à l’étranger, il ne sait plus exactement comment agir et ses agissements provoquent des réactions inattendues. Il ne rit pas au bon moment, est parfois trop extraverti, parfois pas assez. Bref, il ne se sent pas compétent comme adolescent : lui, qui savait comment être un bon ami et un bon enfant dans son pays d’origine, voit que ses efforts n’atteignent pas les résultats escomptés dans sa terre d’accueil.

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Le temps des fêtes

Le temps des fêtes arrive souvent au moment où l’élève aura commencé à se remettre des effets du choc culturel. Nous savons tous que cette période de l’année peut être particulièrement difficile pour les gens qui souffrent d’anxiété, et l’élève accueilli ne fait pas exception. Il sentira probablement le manque de sa famille et de ses amis et il sera particulièrement conscient de son statut d’ « outsider » dans la famille d’accueil. Même ceux qui n’ont pas vécu un choc culturel important auront tendance à se sentir plus nostalgiques. Ceci étant dit, plusieurs jeunes s’amusent beaucoup en compagnie de leur famille d’accueil. Voici de petits conseils pour maximiser son expérience :

Planifier à l’avance – Amenez le jeune à faire partie de vos festivités tout en l’aidant à faire le lien avec les célébrations de sa famille naturelle. Par exemple, vous pourriez l’aider à poster ses colis et ses cartes de souhaits à temps pour les fêtes, vous pourriez lui demander de vous faire un plat typique de sa région pour une de vos réceptions, et finalement l’aider à trouver le moment propice pour appeler chez lui et donner ses vœux de bonne année.

Ne compliquez pas vos plans – Certaines familles mettent tant d’efforts à créer un temps des fêtes parfait pour l’élève qu’ils finissent par se mettre trop de pression. Célébrez comme vous l’avez toujours fait : l’élève est venu faire l’expérience de la culture canadienne telle qu’elle l’est aujourd’hui, pas telle qu’on voudrait qu’elle soit !

L’apprentissage interculturel

L’élève commencera à apprendre sur sa culture hôte dès son arrivée, mais la véritable prise de conscience culturelle est souvent reportée due au choc culturel qui est venu temporairement brouiller les cartes. C’est à cette étape que l’expérience d’accueil prend tout son sens et devient véritablement agréable. Une amitié profonde se tisse entre les membres de la famille et l’élève, permettant des échanges plus harmonieux et empathiques.

Cependant, il n’est pas assuré que tous les participants atteindront cette étape pendant leur séjour. Parfois, l’apprentissage réel ne se fera que quelques années plus tard lorsqu’une autre expérience déclenchera certaines réflexions et viendra jeter de la lumière sur ce qui avait été vécu. Mais peu importe ce qui arrive, sachez que vous aurez assurément joué un rôle important dans le développement du jeune, et qu’il aura sûrement contribué au vôtre !

Les dernières semaines

 

Un sentiment de tristesse mêlé de craintes survient au moment où l’élève voit la fin de son année approcher (adaptation profonde et appréhension du retour dans son pays). À ce moment-là, l’élève réalise combien il a changé et il se rend compte à quel point il est attaché aux gens qui l’entourent ; il se sent coupable de ne pas avoir envie de rentrer chez lui…

Dès son retour dans sa famille naturelle, ou peu après, il subit un autre choc : celui de constater ce qu’il était à son départ et ce qu’il est devenu. Il se sent un peu seul car il est encore imprégné de son expérience AFS et les gens autour de lui ne manifestent pas tellement d’intérêt. À cette dernière étape, il se rend compte que son niveau de compréhension des deux cultures a évolué et il entre alors dans le processus de réadaptation à sa culture d’origine.